Les smartwatches de Samsung face à l’Apple Watch

Dans l’univers des montres connectées, deux géants se livrent une bataille technologique sans merci : Samsung avec sa gamme Galaxy Watch et Apple avec son Apple Watch. Ces dispositifs portables ne sont plus de simples accessoires mais des extensions sophistiquées de nos smartphones, capables de surveiller notre santé, gérer nos communications et améliorer notre quotidien. La confrontation entre ces deux marques emblématiques illustre parfaitement l’évolution du marché des wearables et les différentes philosophies qui s’affrontent pour conquérir nos poignets.

L’écosystème : forces et faiblesses des deux univers

L’un des atouts majeurs d’Apple réside dans son écosystème fermé mais parfaitement intégré. L’Apple Watch fonctionne exclusivement avec les iPhone, créant une synergie remarquable entre les appareils. Cette intégration permet une fluidité d’utilisation inégalée et des fonctionnalités exclusives comme la synchronisation instantanée des données, le déverrouillage automatique du Mac ou encore la localisation précise des objets via le réseau Find My.

À l’inverse, Samsung a fait le choix de la compatibilité élargie. Bien que l’expérience soit optimisée avec un smartphone Samsung, les Galaxy Watch fonctionnent avec n’importe quel appareil Android, et depuis quelques années, même avec les iPhone, quoiqu’avec des fonctionnalités limitées. Cette ouverture représente un avantage considérable pour les utilisateurs non captifs d’un écosystème particulier.

En matière d’applications, l’App Store d’Apple conserve une longueur d’avance avec plus de 20 000 applications optimisées pour l’Apple Watch. Le Galaxy Store de Samsung, malgré des progrès notables depuis l’adoption de Wear OS, offre un catalogue moins fourni. Toutefois, l’accès aux applications Google représente un point fort pour les montres Samsung récentes.

La question de l’autonomie penche nettement en faveur de Samsung. Quand l’Apple Watch Ultra, modèle le plus endurant de la gamme, atteint péniblement 36 heures d’utilisation, la Galaxy Watch 6 Classic peut tenir jusqu’à 40 heures, et la Watch 5 Pro jusqu’à 80 heures en mode économie d’énergie. Cette différence s’explique notamment par les choix technologiques d’écran et de processeur.

Design et ergonomie : deux approches distinctes

Apple a toujours privilégié une identité visuelle reconnaissable avec sa forme rectangulaire aux coins arrondis, devenue iconique. Depuis sa première version en 2015, l’Apple Watch a conservé cette silhouette, se contentant d’affiner ses bords et d’agrandir légèrement son écran. Cette constance dans le design participe à l’image de marque d’Apple et à la reconnaissance immédiate de ses produits.

Samsung, en revanche, propose une approche plus diversifiée. Après avoir expérimenté différentes formes, la marque coréenne s’est stabilisée sur un design circulaire qui rappelle davantage les montres traditionnelles. Cette forme classique séduit les utilisateurs attachés à l’esthétique horlogère conventionnelle. La Galaxy Watch se démarque notamment par sa lunette rotative physique (sur certains modèles) qui offre une navigation intuitive dans les menus.

Les deux fabricants proposent différentes tailles pour s’adapter aux poignets fins ou plus larges. Apple offre ses montres en 40/41mm et 44/45mm selon les générations, avec l’Apple Watch Ultra atteignant 49mm. Samsung aligne des dimensions similaires avec 40mm, 43mm et 47mm pour ses derniers modèles.

Matériaux et personnalisation

En termes de matériaux, Apple mise sur l’aluminium pour ses modèles standard, l’acier inoxydable pour la version intermédiaire et le titane pour l’Ultra. Samsung utilise principalement l’aluminium et l’acier inoxydable, avec une préférence pour ce dernier sur ses modèles Classic.

La personnalisation constitue un aspect fondamental de ces objets portés quotidiennement. Les deux marques proposent un large éventail de bracelets interchangeables et de cadrans numériques. Apple excelle dans la variété des cadrans dynamiques et animés, tandis que Samsung offre davantage de possibilités de personnalisation avancée, permettant aux utilisateurs de créer leurs propres designs.

Fonctionnalités santé : la course à l’innovation médicale

Le suivi de la santé représente aujourd’hui l’argument de vente principal des montres connectées haut de gamme. Apple a été pionnier avec l’introduction de l’électrocardiogramme (ECG) sur l’Apple Watch Series 4 en 2018, fonctionnalité que Samsung a intégrée dans sa Galaxy Watch Active2 l’année suivante. Les deux marques proposent désormais des capteurs sophistiqués permettant de mesurer la fréquence cardiaque, l’oxygénation du sang (SpO2), la qualité du sommeil ou encore la détection des chutes.

Apple se distingue par ses études cliniques à grande échelle, menées en partenariat avec des institutions médicales renommées comme Stanford ou Harvard. Ces collaborations ont permis de valider scientifiquement plusieurs fonctionnalités, comme la détection de la fibrillation auriculaire ou les cycles menstruels. L’Apple Watch a même obtenu des certifications FDA pour certaines fonctions, lui conférant un statut proche du dispositif médical.

Samsung riposte avec des innovations techniques comme l’analyse de la composition corporelle, introduite sur la Galaxy Watch4. Cette fonction, absente de l’Apple Watch, permet d’estimer le pourcentage de masse grasse, musculaire et d’eau dans le corps par bio-impédance. La marque coréenne propose également un suivi du stress basé sur la variabilité de la fréquence cardiaque et une analyse du sommeil plus détaillée.

  • Apple Watch : détection des chutes avec appel d’urgence automatique, notifications d’arythmie, suivi des cycles menstruels avancé
  • Galaxy Watch : analyse de la composition corporelle, détection du ronflement, coaches virtuels d’entraînement

Les deux plateformes offrent des écosystèmes santé complets avec leurs applications respectives Apple Santé et Samsung Health. Ces dernières centralisent toutes les données collectées et les présentent sous forme de graphiques et tendances faciles à comprendre. Apple privilégie le partage sécurisé des données avec les professionnels de santé, tandis que Samsung mise davantage sur l’aspect communautaire avec des défis et classements entre amis.

Performance technique : puissance, autonomie et affichage

La puissance de calcul représente un facteur déterminant dans l’expérience utilisateur des montres connectées. Apple conçoit ses propres processeurs avec la série S, optimisés spécifiquement pour l’Apple Watch. La puce S9 équipant les derniers modèles offre des performances 30% supérieures à la génération précédente, permettant un traitement local des commandes vocales et une réactivité exemplaire.

Samsung utilise désormais des processeurs Exynos gravés en 5nm pour ses Galaxy Watch. Ces puces, bien que performantes, n’atteignent pas tout à fait le niveau d’optimisation des solutions Apple, ce qui se traduit par une réactivité parfois légèrement inférieure dans certaines tâches complexes. Néanmoins, la différence reste imperceptible pour la plupart des utilisations quotidiennes.

L’écran constitue l’interface principale de ces appareils. Apple a opté pour des dalles OLED LTPO rectangulaires offrant jusqu’à 2000 nits de luminosité sur les derniers modèles, garantissant une lisibilité parfaite même en plein soleil. Samsung propose des écrans AMOLED circulaires avec une technologie similaire atteignant 1800 nits. Les deux constructeurs utilisent du verre saphir sur leurs versions premium pour une résistance accrue aux rayures.

La connectivité est comparable entre les deux gammes, avec Bluetooth 5.3, Wi-Fi, NFC pour les paiements sans contact, et options cellulaires 4G/LTE. L’Apple Watch Series 9 et Ultra 2 intègrent une puce Ultra Wideband de deuxième génération permettant une localisation précise, tandis que la Galaxy Watch 6 propose une puce UWB moins avancée mais suffisante pour les usages courants.

Pour la recharge, Apple a fait des progrès avec une charge rapide permettant d’atteindre 80% en 45 minutes. Samsung n’est pas en reste avec une technologie similaire, mais propose en plus la charge sans fil inversée : la montre peut se recharger directement au dos d’un smartphone Samsung compatible, fonctionnalité absente de l’écosystème Apple.

Le facteur humain : interface utilisateur et accessibilité

Au-delà des spécifications techniques, l’expérience utilisateur détermine souvent le succès d’un produit porté quotidiennement. watchOS, le système d’exploitation d’Apple, se distingue par sa simplicité et sa cohérence. L’interface minimaliste privilégie les grandes icônes circulaires facilement touchables et une navigation intuitive. La couronne digitale offre un moyen précis de naviguer dans les menus sans masquer l’écran avec le doigt.

One UI Watch de Samsung, basé sur Wear OS de Google depuis la Watch4, propose une approche hybride combinant les forces de l’interface Samsung avec l’écosystème d’applications Google. La lunette rotative physique ou tactile selon les modèles constitue un élément distinctif qui facilite la navigation sans salir l’écran, particulièrement appréciée lors d’activités sportives.

L’accessibilité représente un domaine où Apple maintient une avance considérable. Les fonctionnalités comme VoiceOver (lecteur d’écran), Zoom, AssistiveTouch (contrôle par gestes) ou encore les réglages d’affichage pour daltoniens sont particulièrement abouties. Samsung progresse dans ce domaine mais n’offre pas encore le même niveau de fonctionnalités pour les utilisateurs en situation de handicap.

Les assistants vocaux illustrent parfaitement les différences philosophiques entre les deux marques. Siri s’intègre parfaitement à l’écosystème Apple mais reste limité aux services approuvés par la marque. Bixby, l’assistant de Samsung, peut être remplacé par Google Assistant sur les récentes Galaxy Watch, offrant plus de flexibilité et une meilleure intégration avec l’univers Android.

La gestion des notifications varie également entre les deux plateformes. Apple privilégie une approche curatée avec des interactions limitées mais parfaitement fonctionnelles. Samsung permet davantage de personnalisation et de réponses complexes directement depuis la montre, au prix parfois d’une certaine complexité. Cette différence reflète les philosophies distinctes des deux entreprises : contrôle et simplicité pour Apple, personnalisation et options pour Samsung.

L’équation prix-valeur : investissement et durabilité

Le positionnement tarifaire des deux marques reflète leurs stratégies commerciales distinctes. Apple positionne clairement l’Apple Watch comme un produit premium, avec des prix débutant à 399€ pour la Series 9 en aluminium, montant jusqu’à 799€ pour l’Ultra 2 en titane. Samsung propose une gamme plus étendue, démarrant à 299€ pour la Galaxy Watch6 standard et atteignant 499€ pour la Watch6 Classic 47mm en version 4G.

Cette différence de prix s’accompagne d’une politique de mise à jour distincte. Apple excelle dans le suivi logiciel à long terme, avec des montres recevant généralement 5 à 6 versions majeures de watchOS. La première Apple Watch de 2015 a été supportée jusqu’en 2022, soit 7 ans de mises à jour. Samsung a longtemps été critiqué sur ce point, mais s’est amélioré récemment en promettant 4 ans de mises à jour pour ses derniers modèles.

La valeur de revente constitue un aspect souvent négligé mais financièrement significatif. Les Apple Watch conservent remarquablement leur valeur sur le marché de l’occasion, perdant environ 30% après un an contre 50% pour les Galaxy Watch. Cette dépréciation plus lente réduit le coût total de possession pour les utilisateurs Apple qui renouvellent régulièrement leur équipement.

En termes de réparabilité, aucune des deux marques ne brille particulièrement. iFixit attribue des scores similaires aux deux gammes, autour de 6/10. Les batteries restent difficiles à remplacer soi-même, et les réparations coûteuses. Apple propose toutefois un programme de service plus développé avec ses Apple Store physiques, tandis que Samsung s’appuie davantage sur des partenaires tiers.

Pour les consommateurs soucieux d’impact environnemental, les deux fabricants ont réalisé des efforts notables. Apple utilise 100% d’aluminium recyclé pour ses boîtiers, des terres rares recyclées dans ses aimants et propose des bracelets sans cuir animal. Samsung incorpore des plastiques recyclés dans ses bracelets et réduit progressivement ses emballages, mais reste moins transparent sur l’origine précise de ses matériaux.